En sport, comme dans beaucoup de choses, il est souvent question de rapports de forces. Et celui qui oppose le surfeur à l'océan est l'un des plus déséquilibrés de tous.
Malgré son image de sport de jeune, le surf n’est pas né d’hier. Ni même d’avant-hier. Son existence a été décrite pour la première fois dans un journal de bord du navigateur James Cook aux alentours des années 1770. Le Britannique, qui fut le premier Européen à se rendre sur la côte est de l’Australie, était de passage à Hawaï quand il aperçut des autochtones dompter la houle sur des planches taillées dans du bois. Ils appellent ça le « Hui’nalu », ce qui signifie en hawaïen « glisser sur la vague et se fondre avec elle ». Ce sport ancestral donnera naissance plus tard au surf.
Le surf deviendra ensuite le symbole de la contre-culture des années 60 et 70. La vague n’a pas de domicile fixe, eux non plus.
Il y a ceux qui vivent dans leurs habitations nomades. Des vans ou camping-cars d’âge respectables couverts d’autocollants australiens ou américains. Une vie entre mer et parking où chaque étape de l’errance apporte son accès de folie divine.
Et puis il y a les pros. Plus que de simples itinérants, des « nomades jet-set »: une semaine ici, dix jours là, au gré des compétitions primées en cash. Plus que des surfeurs: des stars, capables de transformer des plages en Champs Elysées un jour de soldes. Comme Kelly Slater, l’homme aux 11 titres de champion du monde. Sport et show-biz, un mélange qui ne satisfait pas tout le monde, mais qui attire l’attention sur le sport et multiplie les pratiquants.
Qu’il soit exercé par ses plus dignes représentants internationaux ou par de nombreux enfants et adultes souhaitant s’initier, le surf s’est singulièrement démocratisé. En France, il compterait désormais 150 000 adeptes.
Le surf n’est pas un sport ou un passe-temps: c’est un art, disent les puristes. Et une activité si prenante que certains de ceux qui s’y plongent n’arrivent jamais à s’arrêter. Il faut y avoir goûté pour comprendre paraît-il.